Post - interviews

Publié le par athan

Enfin les voici ces interviews des danseurs ayant participé à cet événement unique, Virage Nord. Evénement "multiculturel" qui a rassemblé 3000 personnes dans un couloir de stade de football. Evénement ponctué par des interventions aussi diversifiées que des performances architecturales ou picturales, de la danse, du théâtre, etc...Nous avons voulu savoir la manière dont la participation à un tel spectacle a pu susciter comme émotions chez les danseurs, d'où cet interview qui pourrait s'intituler "vécu émotionnel et danse intérieure"

 

 

 

 

 
Qu'est-ce qui a suscité l'envie de commencer la danse ?
- L’envie de me sentir dans mon corps, de le connaître lui et ses possibilités, d’utiliser mon énergie différemment, de me laisser porter par la musique.
- Le besoin de mouvement et d’expression corporelle.
- Une nécessité de me remettre en lien avec mon propre corps ainsi qu’avec la partie créatrice qui est en chacun de nous. La danse contemporaine est devenue une réponse possible suite aux différents spectacles que j’ai eu l’occasion de voir.
- Le désir de développer la conscience du corps, de dépasser des limitations inconscientes face à la gêne parfois au fait d’être regardé.
-Le besoin intrinsèque de s’exprimer, de se trouver, d’être. Les mots, l’expression verbale me rendent parfois emprunté(e), alors j’ai rencontré le silence et j’ai trouvé une part de moi-même…
 
S’il fallait qualifier ce que représente l'acte de danser pour vous en un seul (voire 2) mot(s) quel serait-il (image, couleur, musique, etc…) ?
- Dense et profondeur - profondeur, car de plus en plus, au fil des expériences, je sens que mon mouvement peut venir de loin.
- Un vulcain ou un tremblement de terre : être déstabilisé(e) pour pouvoir reconstruire sous une autre forme.
- Parole : il y a des sentiments, des émotions que l’on transmet de manière bien plus forte en dansant qu’en parlant. C’est pourquoi je pense que l’acte de danser peut parfois remplacer aisément la parole.
- Contrôle et Libération : conscience du corps et coordination, sans perdre le droit d’être, de se mouvoir en fonction de sa sensibilité personnelle.
- Joie : c’est l’expression de la personne dans le mouvement, dans quelque chose de beau.
- Partage : donner tout de soi de manière quasiment indicible et recevoir en retour sublimement mais sans mots…
 
Quels sont les peurs et obstacles qui ont pu engendrer l’hésitation dans la participation à cette expérience ?
- Le thème de l’eau m’a d’abord fait hésiter. Je craignais d’être confrontée au démon du Tsunami, expérience que j’avais vécue un an auparavant. Peur de voir ressortir des émotions, des angoisses que je n’arriverais peut-être pas à maîtriser.
- Des obstacles surtout : le fait de ne pas avoir commencé la danse plus jeune, de ne pas avoir passé par la danse classique, d’être amateur, de ne pas avoir acquis davantage de technique. Des peurs aussi, de ma maladresse, du regard de l’autre.
- Le manque absolu d’expérience et ma difficulté dans l’improvisation ! La honte, le malaise lié au fait de se montrer « vulnérable ».
- De s’exposer et de montrer une part de soi-même ce qui n’est pas toujours évident.
- La difficulté de danser sur le thème de l’eau, de rendre le mouvement humide, sentir le liquide se mouvoir en soi sous des formes diverses (égouttement, écoulement, bouillonnement, jaillissement,…)   et de réussir ensuite à le transférer en gestes.
 
Comment est née l'envie de participer à Virage Nord ?
- Une envie assez naturelle. Je voulais participer à un projet, faire partie d’un groupe qui mènerait à bien une chorégraphie. Je voulais monter sur scène.
- L’envie de revivre cette ambiance de préparation au spectacle, le dépassement physique, l’auto-satisfaction au moment des saluts.
- L’envie d’entrer dans une démarche et de la réaliser au sein d’un groupe.
- Par un blocage au niveau de l’improvisation…on dit que l’on apprend davantage lorsqu’on doit fournir des efforts...je dirais donc d’une envie de dépasser mon contrôle surdéveloppé. Et l’énergie de la chorégraphe (Catherine Egger).
- J’aime participer à la création d’un spectacle, avoir un projet commun avec plusieurs personnes, le mettre en place, s’accorder, trouver des idées, essayer, recommencer, être dans un processus créatif et d’expression.
- Le cadre (un stade de football) représentait un nouveau défi qui suscitait en outre une certaine curiosité. Le mélange des genres aussi : lorsque les moyens d’expression tissent des liens entre eux, il en ressort une richesse particulière. Et puis une histoire qui se construit depuis des années avec les chorégraphes (C. Egger et F. Gandillon)...écrire une page supplémentaire avec ces deux êtres généreux...
 
Que représente cette participation pour vous, quelle est sa particularité à vos yeux ?
- J’aime cette sensation de challenge, arriver à quelques heures du grand moment et être là encore à se demander comment réaliser tel ou tel mouvement, pour enfin se retrouver sur scène et espérer que celui-ci sera satisfaisant.
- Le fait que tous aient participé à la recherche du mouvement, d’une expression et que nous les avons partagés avec les autres et assemblés, regroupés.
- L’envie d’aller jusqu’au bout d’un engagement, d’assumer ce que je fais, d’affirmer ma façon de danser. Quant à la particularité : engagement avec un groupe qui, je trouve, se soude de plus en plus, histoire d’amitié aussi.
- Un défi envers moi-même et mes blocages, physiques et cognitifs.
- Le fait que ce soit une représentation artistique avec un public hétéroclite.
 
Quels étaient les attentes/objectifs vis-à-vis de vous-mêmes ?
- Tenter d’offrir aux spectateurs des émotions, des sensations fortes.
- Essayer de donner le meilleur de moi-même, d’être présent(e), d’être avec les autres, de donner du plaisir à ceux qui regardent et d’avoir du plaisir à danser.
- Pouvoir faire mes chutes correctement !
- Y aller avec toute mon énergie, de me lancer, de ne pas me juger, d’avoir du plaisir à danser avec moi et les autres
- Mes attentes sont plus liées à « l’avant » spectacle, mes objectifs ont été en effet de ne pas faire « marche en arrière » et de ne pas renoncer suite aux difficultés rencontrées. Les objectifs ont évolué vers l’envie de délivrer une performance suffisamment « dynamique » et « propre », pouvoir jouer avec l’énergie du public.
- Me faire plaisir oser me montrer, faire voir …peut-être même de donner envie à d’autres de s’explorer, de danser.
- Me révéler/me donner et entièrement, une fois de plus, mais secrètement...Etre libre…
 
Quelle fut l’évolution de vos émotions au fil du temps ?
- Je manquais d’assurance au départ, je me sentais perdu(e), sans repères et peu à l’aise dans la recherche de mouvements préalables sans un accompagnement structurant de la chorégraphe. Et puis le regard des autres est devenu moins effrayant, j’ai acquis une certaine assurance. J’ai finalement compris le sens des choses.
- J’ai traversé des moments difficiles au cours de l’élaboration du projet : je regardais avec des yeux sévères ce que nous faisions et je ne voyais pas clairement l’aboutissement de ce qui se construisait. Moments difficiles également face aux danseurs que je ne connaissais pas : j’ai mis du temps à me sentir bien par rapport à/et avec eux dans la danse et dans la proximité. Moments difficiles enfin dus au travail demandé (création d’un enchaînement à soi et construction avec l’enchaînement de quelqu’un d’autre).
- J’ai gagné en confiance, me suis senti(e) moins paralysé(e) par le regard et le jugement des autres.
- Renforcement de la confiance et faisant partie d’un groupe qui montrait une belle unité.
 
Quel genre d'émotions, sensations pensiez-vous vivre lors de la représentation ?
- Une angoisse complètement paralysante sur le plan physique et mental. Puis, une force qui sort de nulle part et qui te permet de donner le meilleur de toi
- Une certaine fierté.
- Du plaisir d’être là et de danser, un trac moteur et le dépassement de ce trac.
- La sensation d’être en accord avec mon corps et avec celui des autres danseur/danseuses afin de créer un seul corps et une seule performance plutôt qu’un ensemble de performances. Pour tout cela, l’énergie du public sera indispensable.
- De la joie.
- Celle que je recherche est de me sentir en adéquation avec ce que je suis en train de faire, investi totalement dans mon action.
- En premier lieu, une sorte d’inconscience naïve puis à quelques secondes du moment fatidique, la soudaine confrontation à la réalité qui crée un crépitement d’angoisse à l’intérieur. Enfin le bonheur absolu, ce moment transcendant et unique où l’émotion devient aussi profonde que l’univers, sans limites…
 

Publié dans Théâtre

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A
j'aime beaucoup votre blog, et les sujets qu'il traite aussi, et je voulais vous le dire... :o)<br /> à très bientot<br />  <br /> A
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A
Merci pour ce compliment.